Il n’y a pas si longtemps, une de mes plus proches amies m’a subtilement fait comprendre qu’être trop transparente sur les réseaux revenait à se tirer une balle dans le pied, et elle a ajouté : « tu sais, ce que veulent les gens, c’est qu’on leur vende du rêve ».
Alors même que je venais de partager publiquement mon épuisement et mes difficultés à maintenir mon activité à flot, sa réflexion m’a laissée perplexe.
J’ai souvent évoqué pas mal de choses personnelles avec ma communauté. Au gré des épreuves, des changements de vie, des rencontres ou des ruptures amoureuses, mon vécu a été le terreau de mon inspiration et de mes transmissions. Cela n’a jamais été un choix stratégique de ma part, mais plutôt un élan spontané de partage. J’ai en revanche toujours fait attention à ne pas franchir une certaine limite, celle de la vulgarité ou de l’impudeur gratuite. En ouvrant une fenêtre sur mon intériorité, je traduis en mots choisis ce que je ne suis pas la seule à vivre. Et je me suis aperçue au fil du temps que ma force réside justement dans cette capacité à créer dans mes écrits un espace de résonance et de reconnaissance pour celles et ceux qui me lisent, les aidant à prendre parfois conscience avec clarté de ce qui demeurait un peu confus dans leurs esprits.
L’écriture chez moi c’est d’abord une histoire de famille. Ma mère consigne depuis des décennies ses états d’âmes dans un carnet posé sur sa table de nuit (que j’ai souvent eu très envie de lire pour y découvrir ses secrets). Mon père gratte inlassablement des pages entières de réflexions philosophiques, sociétales ou politiques sur un bloc note à petits carreaux. Quant à mon frère, né avec un livre entre les mains, est l’auteur de plusieurs romans et passe son temps libre à élaborer des scénarios aussi passionnants que fouillés.
Rien d’étonnant à ce que dès l’adolescence je me mette à remplir presque quotidiennement un journal intime, soignant mon style et ma graphie comme si je devais être lue. Car il n’a jamais été seulement question pour moi de décharger un trop plein d’émotions ni même de juste garder une trace de ce que je vivais. J’avais déjà soif de porter ma voix au-delà des pages qui la retenait muette pour en répercuter l’écho chez des lecteurs inconnus, laissant la magie autonome et mystérieuse de mes mots opérer à mon insu.
Désormais, le digital a remplacé le stylo, et si je fais défiler mon feed Instagram, j’y décèle les traces plus ou moins évidentes d’un carnet de bord. Les grandes étapes de mon évolution de ces 10 dernières années se sont faufilées entre les lancements de formation, conférences en ligne et autres cursus initiatiques. Ce sont comme des fils entremêlés dont je ne saurais défaire la trame tant leur tissage est ténu.
Si je reconsidère ce que mon amie à cherché à me dire quand elle m’a fait comprendre que certaines choses ne se disent pas sous peine de diminuer le potentiel attractif son image, je ne reste pas moins convaincue que jouer le jeu des apparences n’en est pas moins discutable. C’est vrai qu’oser révéler à quel point je m’épuisais à sauver mon entreprise du naufrage pouvait être considéré comme un aveu de faiblesse peu reluisant aux yeux de mes followers. Bizarrement, même si j’ai pu ressentir la cuisante sensation de l’échec et même une forme de honte, quelque chose de plus fort l’a emporté sur cette omertà insidieuse.
Il est certain qu’être honnête quand la réalité n’est pas brillante est une posture qui ne vend pas du rêve, mais au fond le rêve n’a jamais été mon fond de commerce. Malgré cela, beaucoup m’ont dit que j’avais du courage à évoquer ouvertement mes problèmes, d’autres m’ont remercié d’avoir mis les pieds dans le plat, et nombreuses sont les personnes qui m’ont témoigné vivre les mêmes galères. Moi je crois que j’avais surtout besoin de poser un geste fort envers moi-même pour cesser de repousser un inévitable changement de trajectoire ; prendre mon audience à témoin a été une manière de stopper l’auto-sabotage qui consistait à ne pas perdre la face au détriment de mon bien-être.
Alors, faut-il partager les difficultés ou se taire ?
Faire l’impasse sur les tempêtes que l’on traverse permet-il d’être plus « commercialement séduisant » ou les partager serait-il un un levier pernicieux appuyant sur le voyeurisme des gens afin de les pousser in fine à l’achat ? Faut-il cultiver le mystère ou la proximité pour être « bankable » ?
Comme pour beaucoup de choses dans la vie, je crois qu’il n’y a pas de réponse unique et définitive à ces questions qui continuent de m’interroger. Certains seront attirés par une vitrine sans aspérités pour s’évader momentanément d’une réalité anxiogène. D’autres préféreront s’identifier à qui saura susciter l’émotion réconfortante d’un miroir tendu à une solitude parfois pesante.
L’enjeu ici n’est finalement pas tant l’argent, ni le fait de chercher à vendre quelque chose de soi, c’est plutôt l’intention avec laquelle on le fait.
Et qui a t-il de plus important au final si ce n’est la satisfaction de connaître son « pourquoi », tout en s’autorisant à le faire évoluer avec nous ?
Le cadeau du burn-out
Après des semaines de remise en question confuse et inconfortable, j’ai laissé le silence s’installer pour mieux entendre la petite voix qui chuchote « viens, c’est par là ! ». Sincèrement, j’ai eu l’impression de frotter deux silex l’un contre l’autre sous une pluie battante avant de réussir à faire surgir une petite étincelle. Mais il y a toujours un moment où l’épreuve se transforme en opportunité. Où le dépouillement devient clarté. J’ai fait table rase en reconsidérant ma situation à la lumière de la seule question qui me paraissait urgente de me poser : qu’est-ce qui me fait vibrer ? De quoi j’ai besoin pour remettre la joie et le plaisir au centre de mes actions ? Comment articuler les nécessités matérielles avec ma vocation puisqu’il n’est plus question à l’heure actuelle de faire dépendre exclusivement ma sécurité financière de ma spiritualité ?
Cailloux, joujoux, bijoux.
S’il y a une chose qui n’a jamais changé chez moi, c’est ma passion pour la beauté, la mode, et principalement les bijoux. Il y a 20 ans, je tenais même un blog dans lequel je photographiais mes tenues et partageais ma vie de shoppeuse compulsive. Jeune mariée, je venais d’aménager en Corrèze, et malgré mon bonheur conjugal, l’éloignement géographique avec ma ville natale regorgeant d’enseignes de toute sorte était une punition au regard du peu de boutiques disponibles ici capables d’assouvir mes penchants. Les débuts du blogging sur internet m’ont permis de concilier ma disposition naturelle à l’écriture avec celle des fanfreluches et des paillettes. On aurait pu croire que ma redirection progressive dans la sphère ésotérique aurait diminué mon attrait pour la mode et les affaires de style, mais que nenni ! C’est un peu comme si Carrie Bradshaw faisait son coming-out spirituel, et malgré mon appel sincère vers le Divin, ma Vénus en Taureau assoifée de beauté et de raffinement est restée coriace.
Même si avec l’âge et la sagesse je cède bien moins qu’avant aux sirènes de mes goûts de luxe en matière de vêtements, privilégiant la seconde main, les bijoux sont restés une véritable addiction. Mon ambition secrète a d’ailleurs toujours été de créer ma propre marque et d’imaginer des pièces inspirées de mes rêves d’orient, des parures précieuses à mi chemin entre l’ornement et le talisman protecteur. Des bijoux chargés de symboles aux lignes antiques remises au goût du jour. Je ne perds pas espoir, car ce rêve est revenu comme une urgence lors de mon burnout. Affaire à suivre, mais s’il faut vendre du rêve, je préfère cette version là.
Chair de Plume
Parallèlement à ma préoccupation urgente de trouver un nouvel équilibre matériel dans mon quotidien qui puisse me laisser du temps libre pour poursuivre mes activités en présentiel avec les Myrrophores et la Prêtrise, mes envies se sont aussi clarifiées en ce qui concerne ma façon de communiquer et transmettre.
Tout d’abord j’ai décidé de m’installer ici sur Substack, ce qui était déjà en cours depuis plusieurs mois. J’ai pris le temps d’observer le fonctionnement de ce média, et le format de la newsletter est définitivement celui qui me correspond.
Là aussi, j’ai attendu patiemment de laisser venir l’inspiration, et ma Newsletter, Chair de Plume, est arrivée comme ça, sans que je n’y pense vraiment. J’envisage ce nouveau format comme autant de tiroirs à ouvrir, mon instinct en perçoit le potentiel créatif avant même que mon esprit ne s’en soit pleinement saisi.
Chair de Plume …
Écrire avec sa peau, donner corps aux frémissements de l’âme dont les échos cherchent le contenant des mots. Laisser couler un flot intérieur longtemps bridé par la religion du démiurge Instagram et sa gloire algorythmique. Affranchir ma parole de toute contrainte et ne plus me restreindre, dans le fond comme dans la forme.
Du tunnel de vente au mécénat
Je me suis longuement interrogée sur la question du contenu payant, du modèle économique que je souhaitais adopter et sur le type de personnes auxquelles j’ai envie de m’adresser. Appliquer les règles du marketing digital à mes transmissions m’a non seulement épuisée mais a aussi tarit ma créativité. Cela m’a contrainte à envisager mes transmissions comme un business jusqu’à ce que je réalise à quel point cela peut pervertir mon authenticité. On s’englue dans un cercle vicieux où il devient nécessaire de vendre à tout prix. De vendre tout (et n’importe quoi) à n’importe quel prix, à coup de 333€ ou de 77€ pour donner une légitimité vibratoire à nos contenus et les adouber de la grille tarifaire cosmique de nos guides de lumière. Je me suis pris les pieds dans ce bullshit pseudo-spirituel et je suis heureuse d’en sortir.
J’ai aussi très envie de m’adresser à cette partie silencieuse de ma communauté qui je le sais en a marre d’être gavée comme une oie, qui recherche plus de profondeur, de lenteur, plus de temps pour apprécier et digérer la qualité de ce qu’elle absorbe. La solution la plus ajustée à mon positionnement actuel c’est donc de proposer un « entonnoir » via une newsletter payante. Fini le contenu gratuit et fast-food qui nourrit la boulimie de scrollage et dont on ne retient rien. Terminé les formations en ligne prêtes à consommer. Je sais bien que ça restreindra de facto mon audience qui pouvait paraître conséquente sur Instagram mais dont les trois quart ne me voit plus, ou se contente dans le meilleur des cas de survoler distraitement mes posts.
Cette restriction de ma communauté auto-imposée par l’abonnement payant, aussi minime soit-il, signe à mes yeux un engagement mutuel entre vous et moi : celui d’un partage généreux de ma part associé à l’intérêt sincère des personnes qui feront la démarche active de me soutenir sans se ruiner. J’ai construit pendant toutes ces années un lien de complicité bienveillante avec de nombreuses personnes. Vous qui me témoignez votre intérêt sincère à mon travail, qui me suivez depuis plus ou moins longtemps, vous êtes la communauté précieuse sans laquelle ma voix se perdrait dans le vide. J’ai envie de partager avec vous une pensée vivante, fluide et originale, garantie sans pub et sans IA, mais avec toute la générosité dont je suis capable.
À très vite je l’espère de l’autre côté,
Hélène.
Qd je vois le 2ème lien qui n'est pas le mm, je ne sais plus à quoi je me suis abonnée.........
J'ai réussi avec le lien ! ❤️🔥